Designers talentueux, boutiques de créateurs, défilés et autres pop-ups : la scène mode luxembourgeoise est en plein essor. Bien qu'encore un peu timide, l'industrie créative du Grand-Duché ne cesse de prendre un peu plus de place chaque année, annonçant un avenir prometteur pour les talents du pays.
Fièrement « Made in Luxembourg », les marques locales s'inscrivent dans une démarche de durabilité et d'éthique, proposant des confections respectueuses de l'environnement et des pratiques de production responsable, entre héritage traditionnel et innovation contemporaine. Curieux d'en savoir plus, ELLE s'est tourné vers quatre créateurs qui redéfinissent le paysage national de la mode.
Yanis Miltgen, créateur de mode formé à Paris au prestigieux Atelier Chardon Savard, fait rayonner le Luxembourg à l’international par son approche innovante et avant-gardiste de la mode. Esthétique unique et créations audacieuses, Yanis est tombé amoureux de la mode grâce à une passion du bon-goût transmise par sa maman. Repoussant les limites des normes traditionnelles, le créateur brouille les frontières entre l’art et la mode en incorporant des éléments de sculpture et d’architecture dans ses pièces. Riche d’un parcours international, c’est sur l’île de La Réunion que Yanis Miltgen aura, en parallèle de ses études à Paris, été formé à la broderie d’art auprès de celle qu’il considère comme son mentor, Marylène Eyral, avec qui il aura appris plus de 300 techniques. Loin d’être dans une démarche de production de masse, pour Yanis, « chaque pièce est une aventure ». Le créateur nous confie de toujours chercher à innover en poussant ses techniques à leur extrême. « Cela demande du temps, parfois beaucoup de temps. Les pièces que j’ai réalisées ont nécessité entre 800 et 3000 heures de travail ». De réelles œuvres d’art, les créations du jeune couturier « racontent toujours une histoire personnelle » faisant référence à des personnes qu’il a connues et ont marqué sa vie.
J'aime dire que chaque pièce est une aventure.
Pour lui, l’univers de la mode au Luxembourg reste « vraiment très particulier» avec un manque d’innovation et d’expérimentation. La couture y reste quasiment inexistante, rendant sa mission doublement importante : « Il est très important pour moi de représenter mon pays dans des concours internationaux afin de le faire rayonner, pour montrer de quoi nous sommes capables ». C’est une mission déjà bien accomplie pour Yanis qui vient de remporter un prix au prestigieux Hand & Lock Prize for Embroidery, qui n’est autre que le plus grand prix de broderie au monde, créé il y a plus de 20 ans. Une réunion incontournable pour les créateurs brodeurs du monde entier, invités à « innover et à créer des broderies extraordinaires et complexes ». Le créateur luxembourgeois a séduit l’audience avec sa robe Anna Karénine et a remporté le prix du public. Une force de caractère et une ambition sans faille pour ce créateur qui, dans 5 ans, rêve de vivre entre différents pays, mais aussi « diriger l’une des plus grandes maisons de mode et de broderie au monde au Grand-Duché ».
Un autre objectif sera de voir sa marque présente sur les calendriers des fashion weeks mais plus encore, à l’affiche de la Semaine de la Couture. À plus court terme, le jeune talent tient à remporter le prix du jury du Hand & Lock Prize mais aussi à remporter le festival de Hyères et le prix LVMH, deux des plus grands prix de mode pour jeunes créateurs. Et dans tout ça, son rêve ultime ? Faire une résidence d’un an à la Villa Médicis de Rome.
Cet article est paru dans la première édition du magazine ELLE Luxembourg.
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