Juana Martín, confessions d’une pionnière de la Haute Couture

Mis à jour le 8 août 2024 par Alina Golovkova
Juana Martín, confessions d’une pionnière de la Haute Couture© Juana Martín

Juana Martín est la première femme espagnole à présenter ses créations lors de la semaine de la Haute Couture à Paris. Originaire de Cordoue, Juana Martín s’est confiée à nous après avoir présenté sa dernière collection intitulée « Pared de Cal », mur de chaux en français – une réflexion poétique sur le bien et le mal. Portrait d’une designer qui insuffle une énergie nouvelle aux traditions.

Juana Martín, vous êtes née à Cordoue, quelle petite fille étiez-vous ? Quels étaient vos rêves d'enfant ?
 
J'étais une petite fille avec beaucoup d'inquiétudes, ma mère me dit toujours que j'étais vilaine, je grimpais beaucoup aux arbres dans notre jardin. Je rêvais d'être couturière depuis toujours – je façonnais des robes pour mes poupées et personnalisais les vêtements de mes amis. Finalement, j’ai fini par faire ce que j’avais toujours voulu dans la vie.

Votre carrière de styliste a débuté en 1999. Comment cela a-t-il commencé ? D'où vous vient cette vocation ?

La première collection que j'ai créée était une collection flamenca que j'ai présentée lors d'un concours pour jeunes stylistes organisé à Séville. Je l'ai remporté et ai commencé à révolutionner la mode flamenca, en introduisant dans les robes régionales des tissus comme le denim ou des motifs militaires, qui n'avaient jamais été utilisés auparavant. 

Cette vocation me vient de mes parents qui ont toujours travaillé dans des ateliers et vendu des vêtements. Mes frères et sœurs ont repris le flambeau et tiennent un commerce à Cordoue.

Quels sont les créateurs ou les personnes qui vous ont influencée ?

Mon père est celui qui m’a le plus influencée dans ma vie. Ses valeurs, son éducation, son ambition, chacune de ses petites molécules… même le goût des saveurs – il adorait la nourriture épicée et moi aussi. Ses racines flamenco sont l'ADN de la marque.

Cette collection, intitulée "Pared de Cal", qui signifie mur de chaux en français, est une réflexion poétique sur le bien et le mal. Squelettes de poissons et grappes de raisin ornent plusieurs looks, quelle en est, selon vous, la symbolique ?

Les squelettes de poissons sont interprétés comme la mort après l'abondance, le poisson ayant toujours été considéré comme un met de luxe. La Mort, inéluctable, finit toujours par arriver et vous juge en bien ou en mal – ainsi l'abondance dans la vie n’est pas promesse d’une fin heureuse. 

Les raisins symbolisent cette même abondance.

L'état d'esprit avec lequel vous allez de l'avant ?

Ma motivation dans la vie est mon petit garçon. Il a tout juste 5 ans et c'est un enfant vraiment spécial. Je l'emmène toujours à mes défilés à Paris parce qu'il me tranquillise et me donne l'énergie nécessaire pour être concentrée et calme. Il est tout pour moi et c'est pour lui que je continue à travailler et à me battre tous les jours.

Une pièce de votre garde-robe que vous chérissez particulièrement ?

Un manteau oversize de mon père en laine beige. C'est une pièce classique qu'il portait toujours et je l'apprécie chaque fois que je la mets.

Nous vous rencontrons un jour d'été dans une ruelle de Cordoue - que portez-vous ?

Je porterai un blazer, c'est certain. Mon équipe me dit toujours que je suis folle parce qu'il fait 50 degrés à Cordoue en été et qu'il est impossible de porter des manches longues… mais honnêtement, j’adore les blazers, c’est l’unique vêtement qui me fait me sentir à l’aise.

Quel est le prochain rêve que vous allez réaliser ?
 
Je peux dire que j'ai réalisé tous mes rêves. J'ai une belle famille et ma marque est présentée à la Haute Couture. Je souhaite voir mon enfant grandir et réaliser ses rêves à lui, qui sont devenus les miens : présentement, il rêve de devenir pilote.

Découvrez les looks de la dernière collection automne-hiver 24/25 intitulée « Pared de Cal », présentée par Juana Martín lors de la semaine de la Haute Couture à Paris :