Dans une société qui valorise la réussite sur tous les plans, où l’on compare en permanence sa vie à celle des autres via les réseaux sociaux, quoi de plus difficile pour un parent que d’admettre qu’il se sent dépassé, qu’il n’y arrive plus, que son rôle est devenu source de souffrance ? Nombreuses sont les injonctions et attentes qui mènent à un surinvestissement dans toutes les sphères de sa vie au détriment de son équilibre et de sa santé. Comment dans ce cas retrouver la légèreté du quotidien et le plaisir de s’occuper de son enfant ?
Équilibre entre vie professionnelle et personnelle : un mythe au Luxembourg ?
Les parents au Luxembourg sont confrontés à un défi immense. Comment mener de front une carrière professionnelle (a minima 40h par semaine), les trajets vers le travail, la crèche, l’école, les activités extra scolaires, les tâches administratives, les tâches ménagères, l’organisation des vacances, les rendez-vous médicaux, la nécessité de prendre soin de soi, de son couple, tout en consacrant suffisamment de temps à son enfant pour l’éduquer, le rassurer, l’écouter, le soigner ? La réponse est assez intuitive : l’équilibre est quasi impossible à atteindre. Les entreprises et la société traitent souvent la survenue d’un enfant comme un quasi-non-évènement : une fois les congés parentaux épuisés, les parents sont censés reprendre le travail aux mêmes conditions qu’avant. Pourtant pour eux tout a changé : leur vie est chamboulée et leur charge mentale et physique a explosé.
Une maman cadre dans le secteur financier au Luxembourg, nous confie « Je n’arrivais plus à concilier mes heures de travail avec le temps nécessaire à nos deux enfants. On attendait de moi d’être aussi performante qu’avant sans possibilité de demander un temps partiel. Mes supérieurs ne me comprenaient pas, ils n’avaient pas d’enfants. J’ai le sentiment qu’une femme revenant de congé maternité continue d’être perçue comme un problème. J’ai fini par quitter mon emploi ». L’occasion de rappeler que les femmes sont professionnellement fortement impactées par la naissance d’un enfant et ce à long terme (interruption de carrière, chances de promotion diminuée...)
Un cercle vicieux dont il est difficile de s’extraire
Nathalie Hermann, psychopraticienne et coach, est affirmative : « Le burnout parental peut toucher tout le monde, y compris les hommes. Il existe parfois des antécédents d’anxiété ou traumatiques, mais dans la majorité des cas, ce sont surtout les circonstances qui en sont la cause ». De quoi rassurer les parents concernés : il ne s’agit ni d’une faiblesse, ni d’une incapacité dont ils devraient porter la culpabilité. C’est un accident de la vie qui ne leur serait peut-être pas arrivé dans des conditions différentes.
D’après son expérience, les patients n’ont souvent pas conscience de faire un burnout parental. Les motifs de consultations sont divers : troubles du sommeil, crise de couple, incapacité à gérer le quotidien (même les tâches les plus simples). « C’est souvent en creusant qu’on fait le lien avec l’arrivée d’un ou plusieurs enfants ». On constate dans certains cas un surinvestissement : « Les parents font de la réussite de leur parentalité la réussite de leur vie, tout se cristallise autour de l’enfant. Il y a un envahissement, on ne parle plus que de ça, les parents s’épuisent mais consacrent le peu d’énergie qui leur reste à leur rôle. Lorsque les deux parents sont concernés en même temps, c’est encore plus grave car il n’existe plus de relais ».
Burnout parental : comment s’en sortir ?
Les conséquences émotionnelle et psychologiques sur l’enfant ne sont pas négligeables, d’où l’importance pour les parents de se faire aider.
Pouvoir en parler sans tabou, sans être jugée, est crucial. « Ma famille ne m’a jamais comprise. De leur point de vue, j’ai de l’argent et tout ce dont j’ai besoin. Heureusement, mon mari a toujours été d’un grand soutien » nous confie une maman expatriée. La peur d’être jugée ou de se voir retirer son enfant retarde souvent la demande d’aide.
Pour s’en sortir, il faut identifier au plus vite les relais familiaux, amicaux ou institutionnels bienveillants, intégrer des groupes de paroles dans le but de dédramatiser la situation, prendre conscience que l’on n’est pas seul à vivre la même chose nous conseille Nathalie Hermann dont l’approche consiste à faire mettre de la distance entre ce que le parent ressent et sa culpabilité afin qu’il prenne conscience qu’au vue des circonstances, il ne pouvait que craquer.
Vers une meilleure reconnaissance ?
Le burnout professionnel est de plus en reconnu avec des mesures préventives comme le droit à la déconnexion. A quand des mesures fortes pour accompagner le retour des parents en entreprise telles que le retour progressif, le temps partiel, le télétravail et des horaires vraiment flexibles ? La société entière doit réagir et traiter ce problème car comme l’exprime si bien un proverbe africain, gardons à l’esprit qu’: « Il faut tout un village pour élever un enfant ».
Liste de contacts utiles au Luxembourg :
- Association Initiativ Liewensufank
- Service FabyPlus
Coordinatrice : [email protected]
- Accompagnement de crise
Jusqu’à 10 séances d’une heure (38€ de l’heure – Tél : 36 05 98) - Eltereforum
Initiative du Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse.
Propose de nombreuses initiatives destinées aux parents de la grossesse aux 18 ans de l’enfant. Ne pas hésiter à consulter leur agenda riche en évènements :
- Rencontres entre parents
- Cours de parentalité
- Activités parents-enfants
- Soirées thématiques, conférences, Séances d’information conviviales - Familljen Center qui organise des ateliers sur le burnout
Test en ligne: https://www.burnoutparental.com/test-pba
Laeticia James (burnoutparental.lu), coach certifiée spécialisée dans le burnout parental
- Diagnostic de burnout parental
- Traitement du burnout parental
- Accompagnement de groupe
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