Vous peinez à vous y retrouver dans les 459 nouveaux ouvrages de cette rentrée littéraire ? Pas de panique, nous avons repéré pour vous les lectures féministes les plus inspirantes. Essai ou roman, entre sororité et rivalité, nos cinq coups de cœur en un clin d’œil !
Mammouth, Eva Baltasar (Éditions Verdier)
Après Permafrost et Boulder, Eva Baltazar poursuit son exploration de la maternité dans un troisième roman au style aussi acéré que drolatique, qui nous emmène à la rencontre d’une jeune héroïne lesbienne déterminée à devenir mère sola. « Je voulais être mère célibataire, que jamais un père ne réclame sa part. » Pour cela, elle organise une fête de gestation clandestine, au cours de laquelle elle s’abandonne aux bras de nombreux hommes. Quand ses règles arrivent, elle décide de quitter Barcelone pour se réfugier dans les hauteurs de la Catalogne. Au plus près de la nature, confrontée au vide et au silence, son corps revient peu à peu à l’état de nature, sauvage. Dans ce roman brillant, Eva Baltazar interroge non seulement la maternité et le rapport aux autres, mais bien plus la question du corps féminin aux prises avec les figures masculines.
Pour Britney, Louise Chennevière (Éditions P.O.L.)
Qu’ont en commun Britney Spears, icône pop et trash des années 2000 et Nelly Arcan, autrice de Putain, qui s’est donné la mort en 2009 ? Rien a priori, et pourtant, ces deux figures féminines partagent tant de choses, et surtout la pression (trop forte) d’une société patriarcale qui les a façonnées à grand recours d’hypersexualisation, avant de que la police des bonnes mœurs ne les condamne et les réprouve.
À la faveur de vieux cartons retrouvés « dans un box triste, dans un entrepôt triste qui se dresse le long du périph », Louise Chennevière dresse le portrait amer d’une société qui n’a de cesse de brimer les jeunes filles. « Il n’y a pas d’innocence possible lorsqu’on est une jeune fille, car être une jeune fille c’est être adressé, car être une jeune fille ça veut dire que ce que l’on fait signifie toujours quelque chose qui nous dépasse et qu’il y aura toujours quelqu’un pour mal interpréter, ça veut dire ne pas pouvoir être soi ». Le texte est porté par une écriture affûtée et littéralement à bout de souffle, qui dit l’urgence de leurs destins.
Résister à la culpabilisation. Sur quelques empêchements d’exister, Mona Chollet (Éditions Zones)
On ne présente plus Mona Chollet, qui, depuis Sorcières, paru en 2018, s’est imposée comme l’une des voix contemporaines du féminisme. Pourquoi les femmes passent-elles leur temps à s’excuser, pour tout, tout le temps ? Tel est le point de départ de son nouvel essai : Résister à la culpabilisation. Sur quelques empêchements d’exister, dans lequel elle analyse la petite voix réprobatrice qui matrixe l’esprit des femmes. Car c’est bien simple, qu’elles aillent bien ou mal, qu’elles connaissent les succès ou enchaînent les échecs, les femmes passent leur temps à se dénigrer et se culpabiliser. À travers une analyse historique et religieuse (depuis Eve, évidemment, la cause de tous les malheurs du monde) et passant en revue tous les événements qui constituent la vie d’une femme – maternité en tête –, elle tente de déconstruire cette fausse croyance, afin de faire (enfin !) taire cette voix médisante qui empêche les femmes d’être parfaitement libres et heureuses.
Jessica seule dans une chambre, Joy Madjdalani (Éditions Grasset)
Parce qu’elle n’a pas envie de passer sa soirée seule, Jessica, 23 ans, swipe sur Tinder. Là, elle rencontre Justin ; il lui propose de la rejoindre dans un bar où il a ses habitudes. Quand elle voit une notification de « Petit cœur » sur le téléphone de ce nouveau crush qui ne l’intéresse pas tant, Jessica décide qu’elle fera tout pour le conquérir ; commence alors leur drôle histoire. Avant Jessica, Justin était avec Louise. Une longue histoire, qui s’est achevée voilà quelques mois, à peine. La discrète Louise, 29 ans, n’a certes plus de sentiment pour Justin, mais, très vite, devient fascinée par cette rivale à la féminité exacerbée. Chacune derrière son écran, Jessica et Louise commencent alors à s’épier, à se comparer, se stalker : un drôle de triangle amoureux – et sexuel – se noue autour de Justin, qui, lui, ne se doute de rien.
Dans son second roman, Joy Majdalani explore les méandres de la rivalité féminine, dans toute sa complexité, avec deux personnages aussi différents que semblables, toutes deux animées par la même soif de vengeance et la même férocité. Absolument fascinant.
La Château de mes sœurs, Blanche Léridon (Éditions Les Pérégrines)
Avez-vous remarqué qu’il n’existe officiellement aucun pendant féminin au terme « fratrie » ? Des iconiques sœurs Brönte aux indétrônables Kardashian en passant par les mythiques sœurs Halliwell de Charmed, Blanche Léridon passe en revue toutes les fratries de sœurs qui ont marqué l’histoire, petite ou grande. « Deuxième née d’une famille de trois filles », l’autrice puise dans ses souvenirs d’enfance autant qu’elle convoque les sœurs de la pop culture, afin d’étudier les facettes de l’amour sororal, berceau de la solidarité féminine, mais également des premières rivalités, explore un impensé du féminisme et se livre à une passionnante archéologie de la sororité.
À LIRE AUSSI :
Mathieu Palain : << L'amour, c'est difficile d'en donner quand on n'en a pas reçu >>
Rencontre avec Bettina Steinbrügge, directrice du MUDAM Luxembourg
