Pourquoi sommes-nous parfois si mal à l’approche des règles ? Qu’est-ce que ce fameux syndrome prémenstruel (SPM) ? Explications et potentielles solutions de praticiens luxembourgeois pour le surmonter.
Coup de déprime, anxiété, seins sensibles, insomnies, migraines, irritabilité, nausées, maux de ventre… Peut-être avez-vous déjà ressenti ces symptômes les jours précédant vos règles : il s’agit en réalité du syndrome prémenstruel (SPM), résultat de fluctuations hormonales - principalement l'œstrogène et la progestérone - qui surviennent entre la fin de l'ovulation et avant le début des règles. Des symptômes à la fois psychiques et physiques, vraiment désagréables et parfois même handicapants, qui interfèrent avec la vie quotidienne et touchent 20 à 50% des femmes en âge de procréer*.
*Inserm
L’impact du SPM sur la santé mentale
Souvent tourné en dérision ou moqué, notamment sur les réseaux sociaux, le SPM est pourtant bien réel et il suffit d’ailleurs de lancer le sujet auprès d’une assemblée féminine pour récolter rapidement les témoignages. « Du jour au lendemain, je me sens mélancolique et vulnérable, je perds confiance en moi, je prends tout trop à cœur et en plus j’ai le ventre qui gonfle. Je sais alors que mes règles arriveront quatre ou cinq jours plus tard », confie Johanna, 25 ans. Sarah, bientôt 40 ans, préfère quant à elle anticiper : « J’adapte mes activités et parfois j’annule des rendez-vous prévus pendant mon SPM car clairement, je ne suis pas au top de ma forme. Je déteste et redoute cette période, je remets toute ma vie en question : mon couple, mon travail… Il vaut mieux pour tout le monde que je ne voie personne. Finalement, quand les règles arrivent, c’est un soulagement ».
En 2022, une vaste étude* menée par les universités de médecine de Baltimore et de Virginie a recueilli le témoignage de près de 240 000 femmes au sujet de leur cycle et notamment des effets du SPM. Ces dernières étaient âgées de 18 à 55 ans et originaires de pays différents. Résultats ? Dans le top 3 des symptômes ressentis se trouvent les fringales (85,28%), les sautes d’humeur et l’anxiété (64,18%), puis la fatigue (57,3%). D’autres symptômes physiologiques complètent le tout, comme les douleurs au ventre, aux seins, les ballonnements, la prise de poids, les diarrhées, les migraines. 64 % des sondées ont également déclaré que leurs symptômes prémenstruels interféraient sur leur vie de tous les jours à chaque cycle.
*Etude à lire sur https://link.springer.com/article/10.1007/s00737-022-01261-5
Conclusion selon les chercheurs : le SPM a un impact évident sur la santé mentale et le quotidien des femmes.
Alimentation et sport : le duo gagnant
Au Luxembourg, Coralie Piaia, naturopathe, connait bien le sujet. « La naturopathie peut grandement aider à surmonter les symptômes prémenstruels parce qu'ils sont souvent liés à un déséquilibre hormonal qui engendre tout un tas de symptômes : constipation, ballonnements, maux de tête, poitrine tendue, crampes dans les jambes, dans le bas du dos, changement d’humeur… C’est important de comprendre pourquoi on a ces syndromes. Est-ce que c'est lié à un déséquilibre hormonal ? À notre glycémie qui nous joue des tours ? Est-ce que c'est accentué par notre stress qui vient créer de l'inflammation additionnelle ? », interroge-t-elle. En creusant avec sa patiente le sujet, Coralie Piaia propose des solutions pour diminuer, voire supprimer le SPM. Et cela passe notamment par une révision de son alimentation à cette période du cycle : « On va essayer de diminuer tout ce qui est plus gras, tout ce qui est plus sucré et plutôt privilégier les omégas 3 qu’on trouve dans les petits poissons gras, les fruits frais, les légumes, les algues, le pollen. », énumère la naturopathe. La gestion du stress peut aussi aider. « On va se focaliser sur le fait de prendre davantage de temps pour soi, d’accepter le fait qu’à cette période, on a besoin d'un peu plus de repos, de prendre l'air, de prendre le soleil et d'aller marcher. On ajuste son activité physique et on fait des choses créatives peut-être, pour se retrouver un peu seule, car c’est une période où notre côté social est un petit peu différent ».
Denise Pesch, enseignante de yoga au centre La Source, à Strassen, s’est elle aussi intéressée aux changements hormonaux qui touchent les femmes. Elle dispense en ce sens des séances de yoga hormonal, une pratique très connue et développée dans les années 90 par la psychologue et yoga thérapeute Dinah Rodrigues, qui l’a elle-même formée. « Le yoga hormonal utilise la respiration abdominale très puissante ainsi que la pratique de contractions internes musculaires pour activer l’énergie vitale. Après chaque posture, il est recommandé de se concentrer consciemment sur une région du corps et d’y stimuler la vie par “la circulation de l’énergie”, qui est la technique de faire circuler l’énergie par le souffle, la concentration et la visualisation. Ces régions sont plus spécifiquement les glandes hormonales majeures : la glande pituitaire, la thyroïde et les ovaires, si importantes pour l’équilibre, la force, la santé, la jeunesse et la beauté de la femme. Ceci permet d’équilibrer, voire d’augmenter le niveau hormonal pour améliorer sa condition physique, émotionnelle et mentale face au stress quotidien », résume Denise Pesch.
Et si c’était autre chose ?
Reste que parfois, le syndrome prémenstruel est si douloureux que ni la prise d’antalgiques, ni la naturopathie ou le yoga ne font effet. On parle alors de trouble dysphorique prémenstruel, une forme grave de syndrome prémenstruel qui conduit la femme dans une réelle et intense détresse, physique ou émotionnelle – qui s’illustre par exemple par une diminution de l’intérêt pour la vie quotidienne, une perte de contrôle ou des idées suicidaires, entre autres. Si la frontière entre les deux est parfois difficile à déceler, le mieux reste d’en parler à un professionnel de la santé, d’autant que certains maux peuvent parfois être rattachés à une autre pathologie, comme un dérèglement hormonal, de l’endométriose… ou un début de ménopause.
Une conférence dédiée au Luxembourg
Car contrairement aux idées reçues, cette dernière peut démarrer plus jeune qu’on le pense chez la femme, aux alentours de 40 ans parfois, et partagent certains symptômes du SPM. Une conférence dédiée à « La santé au féminin, ménopause, vertiges et espoirs » se tient d’ailleurs à ce sujet le 28 septembre prochain, à l’Université Populaire de Belval. Elle sera animée par Guy Brandenbourger, gérant et fondateur de Health a Gesondheet Luxembourg et donnera la parole à Docteur Michel Mouly, gynécologue, chirurgien et cancérologue à Paris, auteur du livre « Ménopause, ne souffrez plus en silence », au Docteur Hacer Akkuzu, médecin généraliste à Dudelange, spécialisée en microbiote en santé et longévité et Diane Elsen coach certifiée, spécialiste en ménopause.
Plus d’informations sur le sujet par ici :
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