Paris Fashion Week : une saison printemps-été 2025 sous le signe de la diversité et de l’inclusivité

Mis à jour le 1 octobre 2024 par Camille Mutelet
Paris Fashion Week : une saison printemps-été 2025 sous le signe de la diversité et de l’inclusivité© Casablanca

Après la Fashion Week de Milan, c’est au tour de Paris de nous montrer les plus belles créations mode et ses nouveaux talents pour la saison printemps-été 2025. Paris se différencie par ses jeunes créateurs qui sont les porte-paroles des beautés sous-représentées. Germanier, Vaquera, Ester Manas, pour ne citer qu’eux, ont signé des silhouettes modernes et disruptives, sous l’étendard de l’inclusion et de la diversité.

Weinsanto, au cabaret de la Fashion Week

C’est dans le célèbre restaurant Le George du Centre Pompidou que l’alsacien Victor Weinsanto présente son premier défilé à la Fashion Week de Paris. Le « Jacquemus de l’Est » a introduit son show par une saynète comique qui annonçait le thème du défilé et l’esprit décalé de la collection : « Cauchemar en cuisine ». Ses créations sont un mélange d’excentricité et de chic parisien, cliché mais pas ringard. La drag queen Le Filip (Drag Race France), vêtue d’un corset blanc, était maîtresse de cérémonie. L’influence des tenues de cabaret est très présente dans les vêtements de Weinsanto mais toujours avec une touche très mode. Parmi les vêtements présentés, l’ancien protégé de Jean-Paul Gaultier réinvestit entre autres le corset à sa façon : en denim, avec laçage à l’avant, transparent, satiné, en cuir, aux imprimés colorés et psychédéliques… Il crée un univers déluré, exubérant, teinté d'humour mais toujours avec une touche d'élégance !

Pressiat, la parisienne chic et insolente

Le jeune créateur Vincent Garnier Pressiat a lancé sa marque homonyme non genrée faisant l’éloge de la diversité en 2021, après être passé par Maison Margiela, Saint Laurent et Balmain. Cette année, Pressiat réalise son défilé en pleine rue Montmorency. Il électrise littéralement Paris avec un show vibrant, une série de looks flamboyants et sexys composés de robes très moulantes ou aux volumes imposants, de trenchs en vinyle ou de mini-jupes à volants en cuir. Chaque look impose un style à la fois subversif et sophistiqué. La silhouette Pressiat incarne la parisienne chic et bourgeoise qui rentre de soirée pendant laquelle tous les regards étaient tournés vers elle. Elle se déleste des conventions pour être libre. Entre élégance et insolence, cette collection intitulée « Burning Era », s’inspire des nuits folles parisiennes du designer. D’après lui, elle « reflète la société actuelle et son besoin de rébellion pour se libérer du jugement qu’exacerbent les réseaux sociaux ».

Vaquera, la NYC touch séduit le tout Paris

Le label new-yorkais émergent propose un vestiaire unisexe, libre, jeune, qui se fait remarquer. Des silhouettes exagérées et un savant mélange de contrastes, c’est la signature de Vaquera. On découvre dans cette collection des jupes de danseuses étoile volumineuses associées à de grandes écharpes en fourrure et des t-shirts avec des soutiens-gorge intégrés façon Madonna. On y retrouve à la fois le style marin, athlétique, cowboy, punk et street. Tout cela dans une même ligne et pourtant le tout fonctionne à la perfection. La collection de Patric DiCaprio, Claire Sullivan et Bryn Taubensee est une démonstration d’une créativité débordante et maitrisée par un juste équilibre des volumes, des matières, des imprimés, des couleurs. Ils manipulent à merveille tous les codes représentés. Le trio à la tête de Vaquera, utilise la mode pour libérer le corps et en faire une célébration de l’individualité. Cette collection fidèle à l’ADN Vaquera est le vestiaire parfait de la it-girl.

Germanier, le joaillier de l’up-cycling

Le maître de la récup’ a une fois de plus montré toute l’étendue de son talent. Le fameux créateur du « Golden Voyageur » de la cérémonie de clôture des JO a présenté sa dernière collection intitulée « les Désastreuses » inspirée de l’astrologie. Les douze signes du Zodiaque et les planètes qui les gouvernent sont représentés par des créatures extravagantes éco-responsables et viennent illuminer le béton du parking parisien des Acacias. La collection de Kevin Germanier était fabuleuse bien qu’elle soit réalisée de « déchets ». Son savoir-faire est pointu dans la fabrication de chacune de ses tenues. Chaque silhouette est une véritable constellation. A partir de la poubelle des autres, le créateur suisse réalise de vrais bijoux sertis de diamants. Rubans de cadeaux, cassettes VHS, perles usées, rideaux en plastique sont ses matières premières. Ce talent a le don de transformer la mode éco-responsable en mode glamour et non sans humour. Le créateur a la volonté de faire s'évader son public des réalités difficiles d’aujourd’hui le temps de son défilé et c’est réussi.

Julie Kegels, l’anti-archétype

La collection de Julie Kegels avait des allures de pool party autour du bassin de la résidence de La Muette du 1§e arrondissement. Anti-conformiste, la jeune créatrice belge mélange avec brio les styles pour n’en faire qu’un : le style Kegels. Un style à part, jamais vu, que l’on découvre au fur et à mesure d’une collection rafraichissante. Les mannequins arborent des looks mixant élégance bourgeoise et attitude californienne. Le monde des surfeurs décontracté se marie à celui du monde très strict d'une fille de bonne famille. Kegels cherche toujours la tension dans ses créations. Des silhouettes colorées et légères associant par exemple le motif argyle ou la matière tweed à l’allure relax du beach wear grâce à des robes en satin bordées de laine effilée, des bermudas de bain en tweed pailletés et des tongs de plage à talon.

Ester Manas, les maitres de l’inclusivité en mode sulfureux

Pour Ester Manas, l’inclusivité est au centre de sa création. Pour le duo, il est fondamental de permettre à chacune de s’habiller en fonction de son corps et non malgré lui. C’est une valeur intrinsèque à leur travail. C’est ainsi qu’Ester Manas a choisi de représenté ce sujet que tout le monde veut éviter et pourtant toujours actuel par un éléphant dans un magasin de porcelaine. Littéralement, un immense éléphant trônait sur le catwalk pour symboliser cette problématique inconsidérée et encore irrésolue. « Messy, a bit dirty, funny but always sexy » c’est ainsi qu’est la femme Ester Manas. Des pièces qui jouent la transparence, les imprimés, les volumes et froufrous lui donnent une nouvelle dimension sexy. « Nous avons envisagé chaque look comme un nouveau personnage et cela nous a aussi poussé à incorporer de nouvelles techniques de travail à d’’autres typologies de vêtements », déclare Balthazar Delepierre. Ils voulaient prouver qu’il n’y a pas que les robes à trous qui peuvent convenir à tous les corps, qu’ils pouvaient aussi trouver d’autres solutions ». Le duo avait également inclus à leur collection des pièces plus abordables avec l’idée du « Fake it ’til you make it » en imprimant sur le vêtement des matières nobles en trompe-l'œil. La collection est aussi constituée de pièces de lingerie, réalisées en collaboration avec Chantelle X, habilement combinées à des pièces phares de la griffe évidemment disponibles dans un large sizing.

AlainPaul, le vêtement comme prolongation du corps

Ancien collaborateur de Virgil Abloh chez Louis Vuitton, Alain Paul crée des pièces alliant liberté de mouvement et sophistication adaptée au quotidien par des silhouettes fluides et intemporelles. Leur simplicité des coupes trompe sur la complexité cachée des vêtements. « Je continue d'explorer cette idée de vêtements qui suit le mouvement du corps, qui améliore la posture. C'est quelque chose qui définit ma marque, avec des pièces intemporelles inspirées d'un univers très spécifique, la danse, mais qui restent faciles à porter dans la rue et peuvent s'adapter à de nombreuses personnalités », a-t-il déclaré. Il voit le vêtement comme une extension du corps. La garde-robe AlainPaul se caractérise par des lignes pures et simples et ses collections mêlent les genres. Les vêtements accompagnent le corps à chaque pas pour créer une émotion, comme dans la danse. L’engagement écologique est évident dans la griffe d’Alain Paul et de Luis Philippe. Depuis les débuts de la marque, le duo travaille avec Nona Source, la plateforme de revente de matières d’exception en provenance des grandes maisons du groupe LVMH. Leur volonté va de pair avec l’excellence en fabriquant des vêtements dans des matières nobles que les femmes peuvent garder longtemps.

Zomer, le jardin de la mode

La collection de Danial Aitouganov et Imruh Asha s'articule autour du « jardin de Zomer ». Cette collection est un florilège de couleurs, de gaieté et d’originalité. Avec comme maîtres-mots l’art et l’expérimentation, le binôme prône une garde-robe joyeuse. L’esprit Zomer, c’est une âme d’enfant. Pour le duo de créateurs, les vêtements ont le pouvoir d'influencer positivement les individus en donnant de la joie à ceux qui les portent et à ceux qui les rencontrent. La mode doit être durable, être vectrice de bien-être, avoir de l’audace et créer du rêve.

Casablanca, just can’t get enough

Pour son défilé, Casablanca dévoile également une collection inspirée de la Californie mais bien différemment de Julie Kegels. Pour le talentueux créateur Charaf Tajer, Los Angeles est un véritable melting-pot et fascine toujours autant le monde entier. La collection lui rend hommage et célèbre la multitude des visages de L.A. : ses personnalités, ses communautés, ses cultures… La collection reflète La Cité des Anges et ses nombreuses sous-cultures qui ont toujours fasciné Charaf Tajer. L’iconique Los Angeles, réimaginée par ce dernier, est plutôt sombre et paradoxale mais indéniablement nouvelle et réelle. Sur un podium rempli de voitures vintage, le designer a présenté une collection flamboyante inspirée des Lowriders américano-mexicains, de l’univers du skate, du surf et des hippies. La liberté du corps et de l'esprit se reflète dans la liberté vestimentaire inventée par le designer. Le denim scintillant a rencontré des chemises kaléidoscopiques classiques, tandis que les hauts inspirés du jersey et les équipements de surf étaient en quête de leur prochaine aventure. Casablanca a fait le grand saut vers ce qu'elle sait faire de mieux : de l’audace et elle n’en a jamais assez comme le nom de sa collection l’indique : Can’t get enough!

La question de la diversité et de l’inclusion est devenue un réel cheval de bataille pour certains créateurs. Ils se soucient et se battent pour valoriser TOUS les corps : toutes les morphologies, tous les genres, toutes les origines, toutes les générations, toutes les catégories sociales, à l’image du défilé l’Oréal tenu devant l’Opéra Garnier qui a fait défilé « toutes les femmes ». L’athlète paralympique multi-médaillée Bebe Vio défilait aux côtés de Jane Fonda, Alia Bhatt ou encore d’Yseult. Il est important de rappeler régulièrement, dans la mode comme ailleurs, que nous le valons TOUTES bien!

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