Préférer les dépenses durables aux périssables, générer ses propres revenus, se protéger et surtout, apprendre à comprendre les finances… Des experts luxembourgeois nous prodiguent leurs meilleurs conseils pour ne pas être lésée financièrement au sein du couple.
Nos finances se portent-elles mieux quand on est célibataire, ou quand on vit en couple ? Dépenses partagées, avantages fiscaux… A priori, on pencherait logiquement vers la seconde option. Mais la vie à deux est-elle tant bénéfique pour l’homme que pour la femme ? Si l’on en croit la théorie « des pots de yaourt », exposée dans le livre Le couple et l'argent de la journaliste française Titiou Lecoq, le couple aurait plutôt tendance à accentuer les inégalités entre les deux sexes. « Imaginons Gwendoline et Richard en couple : Gwendoline gagne moins, car elle travaille à temps partiel pour s'occuper des enfants. Lorsqu'ils achètent une nouvelle voiture, Richard rembourse le crédit, car il gagne plus. Gwendoline propose alors de contribuer un peu plus aux dépenses courantes pour équilibrer, comme les courses alimentaires (N.D.L.R d’où l’idée des pots de yaourt), pensant ainsi faire sa part », présente-t-elle, décrivant là une situation plutôt commune dans de nombreux couples. Mais – et c’est là où le bât blesse – que se passe-t-il en cas de séparation ? « Richard garde la voiture, tandis que Gwendoline se retrouve avec ses pots de yaourt vides », conclut Titiou Lecoq, illustrant par-là même comment, de manière insidieuse, la vie en couple peut appauvrir les femmes à long terme - sauf si évidemment, les deux conjoints sont mariés sous le régime de la communauté des biens.
La grande majorité des individus ne reçoit pas d'éducation financière.
Des dépenses genrées
Cette théorie est-elle applicable au Luxembourg ? Si le pays présente un écart salarial qui penche en faveur des femmes, force est de constater qu’une femme sur trois - 31% contre 7% des hommes travaille à temps partiel (en invoquant la famille comme principale raison à cette décision). Conséquence ? Une logique perte salariale qui pourrait inciter les femmes à ne pas prendre en charge, ou à ne pas participer, aux « grosses » dépenses dites durables, comme l’achat d’une voiture, de meubles, d’équipements électroniques – qui possèdent une valeur de revente – mais à s’occuper plutôt des « petites » dépenses qui recouvrent majoritairement des biens périssables. « Cette théorie du pot de yaourt est présente dans la plupart des pays, y compris au Luxembourg. Elle est basée selon moi sur le manque d'information et de responsabilité personnelle de chacun,», atteste Fabio Biolcati, qui dispense le cours Comment gérer ses finances personnelles ? , proposé par le portail de formations lifelonglearning.lu.
Un manque d’information ? Plausible si l’on en croit le dernier sondage organisé par la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF). Il révèle que le score en connaissances financières des femmes est de 62 contre 80 pour les hommes. « La grande majorité des individus ne reçoit pas d'éducation financière, que ce soit dans le cadre familial ou dans le cadre scolaire. Il en résulte d'énormes erreurs en matière de finances et une consommation effrénée », estime Fabio Biolcati. La CSSF a d’ailleurs ouvert un site dédié à cette problématique (www.letzfin.lu), dans le but de sensibiliser le grand public à l’importance de l’éducation financière, et ce dès le plus jeune âge. « Elle constitue la pierre angulaire qui permet de gérer au mieux ses propres finances et nous conseillons à tout le monde d’ approfondir ses connaissances en matière de finances », déclare-t-elle.
Les femmes aussi investissent, développent et créent de la richesse.
« Il faut se protéger financièrement à tout moment, sans se laisser emporter affectivement »
Alors comment, en tant que femme, bien gérer ses dépenses et surtout, ne pas ressortir perdante de la vie en couple ? « Certaines règles sont extrêmement importantes dans la vie des individus et la première est de toujours générer soi-même ses propres revenus afin d’être financièrement responsable de sa consommation et de son avenir. Cette obligation n'appartient qu'à vous et à personne d'autre », insiste Fabio Biolcati. Et ce dernier de prodiguer quelques conseils à destination de la gent féminine : « Il faut essayer d'établir un budget familial proportionnel à la capacité de chaque membre de la famille. Les personnes qui ne génèrent pas de revenus devraient trouver des moyens de commencer à assumer leur responsabilité individuelle, et ne pas externaliser ce point important que sont les finances personnelles ». Des recommandations complétées par celles de Grégory Scattolo, directeur d’un cabinet de conseil comptable et fiscal à Rumelange. « Il faut garder à l'esprit que même dans la meilleure relation conjugale possible, tout peut basculer rapidement. C’est pourquoi il faut se protéger financièrement à tout moment, sans se laisser emporter affectivement. Mieux vaut donc épargner, contrôler ses droits juridiquement et investir dans un bien durable tel que l'immobilier », résume-t-il.
Actif depuis plus de dix ans au Luxembourg, ce dernier nuance toutefois les résultats de l’enquête menée par la CSSF en s’appuyant sur l’observation, au sein de sa clientèle, de femmes de plus en plus au fait des questions de finances. « Les couples ont souvent un compte commun utile pour la vie du ménage, pour les enfants, mais chaque conjoint dispose de son compte personnel et l’ équilibre financier au niveau des revenus est de plus en plus égalitaire dans le couple. On voit dès lors que les femmes aussi investissent, développent et créent de la richesse. Je trouve qu’elles ne s'intéressent pas qu'à la finance, mais au financier de manière générale. Je vois d’ailleurs de plus en plus de jeunes femmes acheter seules leur propre bien immobilier dans le but de le revendre avec plus-values pour acheter plus grand ou pour disposer d'un apport au moment d’un futur achat en couple ». La conséquence d’un changement générationnel, forcément, incarnée aussi par une certaine catégorie socioprofessionnelle, mais excluant sans doute une bonne partie des femmes disposant de revenus modestes et dépendantes d’un conjoint, ne serait-ce que pour se loger…
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