ELLE Luxembourg a assisté au spectacle « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », présenté au Casino 2000 à Mondorf-les-Bains. Une « version 2.0 » annoncée en grande pompe pour un show qui a déjà conquis plus de 2 millions de spectateurs.
« Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », vous en avez forcément entendu parler. À l’origine, il y a un livre paru en 1992 et écrit par John Gray, devenu best-seller mondial, bien que fortement critiqué. L’auteur, spécialisé en développement personnel, y traite de la différence entre hommes et femmes et y présente des comportements visant à permettre à chacun des deux sexes de mieux se comprendre.
En 2006, le livre a été adapté à la scène et joué par Paul Dewandre. Le spectacle fait un carton durant des années – plus de deux millions de spectateurs – et revient, cette année, dans une version modernisée, qui a été présentée fin janvier au Casino 2000, à Mondorf-les-Bains, face à un public de tout âge et d’un peu plus de 700 personnes.
Sur scène, un bureau, un tableau noir interactif et Paul Dewandre, en blouse blanche de scientifique. Baguette à la main, l’acteur rodé à l’exercice, démarre en exposant à l’assemblée attentive ce qui différencie les femmes des hommes, histoire de « mieux se comprendre » : « On peut être égaux et différents, égal ne veut pas dire semblable », fait-il apparaître sur son tableau noir, avant d’y lister les différences entre les deux sexes.
D’un côté il y a donc Mars, axé sur la compétence, doté d’une vision de téléobjectif, compétitif, factuel, séquentiel, aimant régler les problèmes seul et demandant de la confiance, de l’acceptation et de l’appréciation. De l’autre, il y a Vénus, intéressée par la relation et par une vision grand angle, émotionnelle, multitâche et ayant besoin de parler de ses problèmes, en quête d’attentions, de compréhension et de prévenance. S’ensuit une série d’exemples servant à illustrer les propos, mais aussi de solutions pour améliorer la communication au sein du couple. « On donne souvent à l’autre ce qu’on attend soi-même », répète le showman.
Dans la salle, beaucoup de rires face à des situations que tout un chacun a déjà pu constater dans sa vie de couple, des exclamations, des coups de coudes et des regards appuyés à son ou sa conjointe quand Paul Dewandre explique que « les femmes ne doivent pas parler en même temps que le GPS », « que les hommes ont des valises moins chargées que leurs compagnes », qu’ils « regardent l’eau des pâtes bouillir » tandis que les femmes font mille choses en même temps avant de constater « qu’il n’y a plus d’eau dans la casserole ».
Une mise à jour… sans réelle modernisation ?
Alors oui, parfois ça fait rire, parfois un peu sourire, mais le spectacle suscite aussi une question légitime : en quoi cette version 2.0 se distingue-t-elle réellement de celle jouée il y a près de 20 ans ? Quoiqu’on en dise, les stéréotypes et les clichés old school vont bon train. « Les hommes, quand ils vont mal, s’enferment dans une caverne et il faut les y laisser, Mesdames » : quid de tous ceux qui s’efforcent à mettre des mots sur leurs sentiments, qui tentent de se déconstruire, et de tous ces petits garçons d’aujourd’hui auxquels on apprend à exprimer leurs émotions avant tout pour leur bien-être ?
Les hommes ont évolué. Et les femmes, dépeintes comme des bavardes insatiables qui parlent parfois pour ne rien dire, sujettes aux humeurs fluctuantes et qui subissent des vagues émotionnelles que les hommes doivent accompagner sans chercher à comprendre, juste histoire que « le creux de la vague passe ». Un peu réducteur, non ?
Le spectacle se clôt sur une partie dédiée au sexe. « Il y a le fait maison, le quickie ou le gastronomique », résume Paul Dewandre. « Les femmes sont des fours, les hommes des chalumeaux », poursuit-il pour illustrer l’importance des préliminaires. Une analyse plus nuancée et actuelle aurait pourtant été bienvenue, surtout sur un sujet aussi central aujourd’hui. On aurait aimé par exemple dans cette version 2.0, et notamment pour faire écho à l’actualité, que le mot « consentement » soit au moins une fois prononcé.
Si la pièce demeure divertissante et que son ton caricatural prête à sourire, qu’on retiendra quelques conseils et qu’elle n’exclut heureusement pas que chacune et chacun possèdent des aspects masculins et féminins, elle peine néanmoins à tenir la promesse d’une actualisation attendue, qui faisait tout l’intérêt de cette reprise en tournée.
À LIRE AUSSI