Le Luxembourg a franchi une étape historique le 10 janvier 2025 en adoptant une loi majeure sur les droits des femmes, interdisant notamment les certificats de virginité – une pratique archaïque et discriminatoire. Cette victoire est le fruit du combat d’Enji Ismaili, une assistante sociale engagée et de Sandra Dessi, enseignante, qui ont fait de cette cause une priorité après avoir été témoins des souffrances de jeunes filles confrontées à cette exigence dans leur propre famille.

Une lutte inspirée par des récits poignants

L’initiative d’Enji Ismaili et de Sandra Dessi est née de situations réelles vécues au sein de leur travail. Durant l’année scolaire 2022-2023, elles ont été confrontées à deux cas où des jeunes filles, âgées de 15 et 18 ans, ont été contraintes par leur famille de consulter un gynécologue pour obtenir un certificat de virginité. Face à ces récits bouleversants, Enji et Sandra ont décidé d’agir, lançant une pétition pour mettre fin à cette pratique au Luxembourg.

Un combat à travers les réseaux sociaux

Malgré le silence initial de la plupart des journaux luxembourgeois contactés, Enji Ismaili a persévéré. Elle s’est tournée vers les réseaux sociaux, où son initiative a rapidement pris de l’ampleur. Une interview sur Eldoradio avec Mara Olmo a marqué un véritable tournant, permettant de rassembler rapidement des signatures. Enji souligne le rôle déterminant des réseaux sociaux dans ce processus : “Sans eux, cette pétition n’aurait jamais eu cette visibilité.”

Enji Ismaili © Mara Lippolis

Une question d’égalité, pas d’origine ou de religion

Tout au long de la campagne, Enji et Sandra ont dû clarifier un point essentiel : cette pratique n’est pas une question de religion ou d’origine culturelle. “Il s’agit d’une problématique fondée sur la discrimination et l’inégalité entre les genres”, explique-t-elle. Elles ont insisté sur le fait que les certificats de virginité perpétuent des normes sociales toxiques, qui nient les droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles.

Un soutien collectif pour le changement

Le succès de cette pétition repose également sur des collaborations cruciales. CID Fraen an Gender, le Planning Familial, et des figures engagées comme Isabelle Schmoetten et Gilbert Pregno ont joué un rôle clé, apportant leur soutien tout au long du processus. La librairie Alinéa a également contribué à sensibiliser le public, mobilisant une large communauté de lecteurs et lectrices.

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Il s’agit d’une problématique fondée sur la discrimination et l’inégalité entre les genres.

“Une étape essentielle dans la lutte pour l’égalité des genres”

Pour Enji Ismaili, l’interdiction des certificats de virginité est une victoire personnelle et professionnelle. Elle raconte qu’après l’adoption de la loi, une jeune fille s’est confiée à elle sur ce sujet. Cette fois, Enji a pu lui assurer que cette pratique ne pouvait plus être imposée. “C’est exactement cela qui compte : protéger les jeunes et leur offrir un avenir libre de ces pratiques discriminatoires.”

L’éducation comme pilier du changement durable

Selon les deux collègues, cette victoire doit s’accompagner d’une éducation sexuelle et affective de qualité, pour déconstruire les normes sociales toxiques dès le plus jeune âge. Enji insiste sur l’importance d’aborder des thèmes tels que le consentement, les limites personnelles et la responsabilisation dans les relations. “Apprendre aux enfants que ‘non’ est une phrase complète est essentiel pour construire une société respectueuse et égalitaire.”

Un message d’espoir pour l’avenir

L’interdiction des certificats de virginité marque une avancée significative pour les droits des femmes au Luxembourg, mais pour Enji, ce n’est qu’un début. Elle appelle à poursuivre la lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination envers les femmes, tout en construisant un environnement où l’égalité n’est plus un idéal, mais une réalité tangible.

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