Propulsée sur le devant de la scène dans le film Egon Schiele de Dieter Berner, Valérie Pachner a reçu pour son interprétation du personnage de Walburga Neuzil, dite Wally, son premier Austrian Film Award et le Romy de la Meilleure Jeune Actrice. L’actrice autrichienne reste aussi le bouleversant visage féminin dans « Une vie cachée » de Terrence Malick, présenté au Festival de Cannes, en 2019. Un parcours, qui l’a entraîné à la 75e Berlinale, en février dernier, pour la projection du film, Delicious de Nele Mueller-Stoefen. Valérie Pachner est membre du Jury International du Luxembourg City Film Festival, qui se tiendra dès le 6 mars prochain.
Est-ce votre première expérience en tant que membre d’un Jury International ? Qu’en attendez-vous ?
J’ai fait partie d’un jury en Autriche pour le prix d’interprétation, mais c’est la première fois que je fais partie d’un jury international. J’ai hâte de rencontrer et d’échanger avec les autres membres du jury, de parler des films en provenance de différents horizons culturels : tout cela me tient véritablement à cœur. Les films ont le pouvoir de franchir les frontières !
Y a-t-il un film dans la sélection du LuxfilmFest, qui d’emblée suscite votre curiosité ? Allez-vous vous intéresser plus particulièrement aux rôles féminins ?
J’aime être surprise et ne pas avoir trop d’attentes à l’avance. J’essaie de porter un regard neuf et non professionnel sur les films, comme n’importe quel spectateur. Mais, bien sûr, je connais le métier d’acteur et les rôles ou les moments qui exigent beaucoup d’un acteur et les performances difficiles à réaliser, même si cela n’en a pas l’air. Ces deux façons de regarder un film influenceront certainement mon travail en tant que membre du jury.
Quel trait de personnalité avez-vous cultivé pour jouer le rôle de Wally dans le film Egon Schiele ?
Pour Wally, il était important d’avoir une certaine naïveté, des yeux écarquillés, tout en étant très solide, afin de rendre crédible son arrivée dans le monde de l’art de la Vienne du début du XXe siècle. Une vraie « Landei », comme on dirait en allemand, avec une ouverture d’esprit totale qui séduirait Egon Schiele, le ferait tomber amoureux d’elle, tout en lui brisant le cœur…
Qu’avez-vous retenu de la « méthode » Terrence Malick, en particulier sur la liberté de jouer votre rôle ?
Je pense que la préparation y est pour beaucoup. Avec Terry, je savais que j’allais devoir beaucoup improviser. Il était important de m’immerger complètement dans le monde et le corps du personnage : je le fais tout le temps, cela me procure sécurité et confiance. Ensuite, il m’a fallu rester ouverte à tout ce qui se passait autour de moi et faire confiance à mon instinct. Même lorsque d’autres réalisateurs exigent un style complètement différent, j’essaie de toujours conserver une certaine vivacité et une certaine fraîcheur par rapport à ce qui se déroule devant la caméra.

Les films ont le pouvoir de franchir les frontières !
Il est du devoir des artistes de réconforter le public et de combler la solitude : qu’en pensez-vous ?
Je ne pense pas que les artistes aient un devoir spécifique. Mais je crois que l’art a ce pouvoir de réconforter et c’est formidable. L’art, c’est la communication entre les personnes, c’est l’expérience humaine, qui nous rapproche en fin de compte.
Êtes-vous engagée dans une cause aujourd’hui ?
Je me préoccupe beaucoup des droits des femmes, de la lutte contre les inégalités et les injustices, non seulement pour les femmes, mais aussi pour tous les groupes marginalisés. De nos jours, la lutte contre le fascisme et le racisme est plus importante que jamais. Je ne pensais pas que ce serait à nouveau le cas en Europe, mais cela l’est malheureusement. Et enfin, je suis sensible au fossé entre les pauvres et les riches, au système qui permet un tel écart et qui l’alimente en rendant les riches plus riches et les pauvres plus pauvres.
Quelle est votre position sur le mouvement MeToo, présent dans l’industrie du cinéma ? Pensez-vous que la « sororité » est essentielle dans votre profession ?
Je suis heureuse de la prise de conscience qu’a suscitée le mouvement MeToo, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. La « sororité » est essentielle, non seulement dans ma profession, mais aussi dans l’existence.
Quels conseils donneriez-vous à une jeune fille qui souhaiterait devenir actrice aujourd’hui ?
Aimez et concentrez-vous sur le métier en lui-même, recherchez les personnes et les idées qui vous touchent et suivez-les, même si cela ne semble pas logique. Faites ce qui vous semble juste, et surtout cultivez aussi une vie hors de la caméra. Apprenez à ne pas vous contenter d’entrer dans un personnage, mais aussi à en sortir.
Du 6 au 16 mars 2025 : 15e édition du LuxCityFilmfestival – www.luxfilmfest
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