Ras le bol de swiper, de matcher, d’enchainer les rencontres, les rendez-vous et les nuits sans lendemain : c’est le constat de plus en plus de célibataires qui quittent en masse les applications de rencontre. Zoom sur le dating burn-out au Luxembourg.
« J’ai quitté Tinder et Adopte, les deux applications de rencontre sur lesquelles j’étais depuis deux ans, ça faisait partie de mes résolutions 2025. Marre de multiplier les rendez-vous, d’être face à des hommes qui ne voulaient aucun engagement, avec qui je ne partageais finalement rien ou qui finissait par me ghoster sans explication. J’ai l’impression d’avoir juste perdu du temps et de swiper sans fin », assure Estelle (1), 35 ans, un brin désillusionnée.
Employée dans le secteur de la communication au Luxembourg, la célibataire avoue aussi sa gêne face à certains profils qui lui étaient suggérés sur l’application. « Mon ex, merci bien, je n’avais aucune envie de voir s’afficher sa tête sur mon téléphone, déjà que je le croisais trop régulièrement à mon goût dans les soirées. Puis je suis souvent tombée sur le profil d’hommes que je savais être en couple. Peut-être qu’ils avaient juste oublié de se désinscrire, c’est possible évidemment… », sourit-elle.
Algorithme discriminatoire
Addictives, chronophages et sources de déceptions, les applications de rencontre n’ont plus la cote : elles ont été téléchargées 237 millions de fois dans le monde en 2024, contre 287 millions en 2020. Tinder par exemple, dont le cours a considérablement chuté en bourse, comptabilisait 73,3 millions d’utilisateurs actifs mensuels en 2020, contre seulement 54,1 millions l’an passé – un chiffre qui continue de baisser en 2025. Sans compter l’impact de l’enquête réalisée par la journaliste Judith Duportail dévoilée dans son livre L’amour sous algorithme qui révèle des formes de discrimination en fonction du genre, de l’âge, du revenu. On y apprend ainsi que chaque utilisateur se voit attribuer une note de désirabilité basée entre autres sur le taux de personnes qui, face à un profil, veulent entrer en contact avec l’individu qui se cache derrière.
« Tinder se réserve donc la possibilité de nous évaluer sur notre attractivité, mais pas seulement : sur notre intelligence, en lisant nos messages et en regardant si on utilise des mots compliqués. Sur notre niveau d’études et notre niveau de revenu aussi. (…) Un homme qui a fait de hautes études et a de bons revenus se verra attribuer des points bonus, une femme qui aurait le même profil se verrait, elle, attribuer des points malus. Le système de matching privilégie finalement une situation où l’homme est toujours dominant face à la femme », écrit-elle.
Authenticité et comfy dating
De quoi expliquer sans doute ce sentiment de lassitude, de déception et de rejet de toute une partie des utilisateurs d’applications de rencontre. Du dating burn-out en somme : « Je crois que pour l’instant je n’ai plus envie de rencontrer qui que ce soit. Je n’ai plus d’énergie à investir dans tout ça, je me concentre sur moi et laisse la vie faire… et peut-être qu’en étant moins les yeux rivés sur mon écran à faire défiler les profils, je croiserais le regard du futur homme de ma vie », considère Estelle, qui avoue quand même avoir été tentée de participer à une soirée speed dating organisée « dans un bar cool de la capitale ».
En quête d’authenticité
Vivre les rencontres pour de vrai, c’est ce que semble rechercher la nouvelle génération, qui prône un retour à l’authenticité et à la sincérité. En témoignent les tendances du dry dating – ne pas boire d’alcool pendant les rendez-vous pour rester lucide et éviter les regrets –, ou encore du comfy dating qui consiste à ne pas s’apprêter outre mesure lors des premières rencontres. 53 % des membres de la génération Z, c’est-à-dire les personnes nées entre 1995 et 2010, disent ainsi privilégier des tenues décontractées lors de leurs premiers rencards (2). Ne pas impressionner, ne pas en faire trop, se présenter au naturel : une façon de se libérer des pressions sociales, mais aussi de s’ouvrir à l’autre en toute transparence. Un bon moyen, sans doute, de créer une vraie et sincère connexion pour bien démarrer une relation et éviter ce fameux dating burn-out et le florilège de déconvenues qui l’engendre.
(1) Prénom modifié
(2) Sondage réalisé en 2024 par l’application Fruitz
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