Actrice à la veine intimiste, l’actrice danoise Trine Dyrholm nous bouleverse en incarnant Edith dans le drame de Désirée Nosbusch : Poison. Rencontre avec une artiste qui a su consolider son succès au fil de sa carrière et était récemment membre du jury international du Luxembourg City Film Festival.

Que représente le film Poison dans votre carrière ?

C’est un film très spécial auquel je suis attachée et c’était un grand défi. Quand j’ai lu le scénario la première fois, j’ai été très émue. Poison est inspiré de la pièce éponyme de Lot Vekemans : il s’agit d’un couple qui après une longue séparation et la mort accidentelle de leur enfant, tente d’exprimer leur douleur lors de brèves retrouvailles. C’est un huis clos qui révèle leurs rancœurs. Poison est également très important pour moi, car j’ai travaillé avec des personnes formidables.

Était-ce particulier d’être dirigée par Désirée Nosbusch, populaire en tant qu’actrice ?

Désirée est une très bonne actrice, une personne très généreuse et une excellente réalisatrice. Elle nous a dirigé avec brio, parce qu’elle savait très exactement où elle voulait nous mener avec ce film. Je suis toujours attirée par les réalisateurs et les acteurs qui ont de tels projets et qui veulent aller au fond des choses en explorant les sentiments humains. Je suis très fière d’avoir fait partie de ce film.

« Je déteste le bonheur et les gens heureux » proférez- vous dans le film. Cette scène est-elle un moment clé de Poison ?

C’est l’une des scènes fortes du film. Mon personnage veut se débarrasser de cette blessure et elle aspire à être heureuse malgré la douleur. Quand elle rencontre des gens qui sont heureux, c’est comme une forme de provocation. Elle est confrontée à une tragédie qui n’est comparable à aucune autre. Elle éprouve cette pression sociale qui lui intime d’être heureuse. Malgré la mort de son fils, elle doit aller de l’avant. Mon personnage est en colère, car elle se sent seule à porter ce deuil. Lors des retrouvailles, elle veut juste partager cette douleur avec Lucas, le père de son enfant. Elle comprend alors que sa blessure est telle qu’elle ne pourra jamais en guérir et qu’elle ne doit pas imposer à Lucas ce qu’il devrait éprouver ou vivre face à une telle perte.

Icone citation

Je suis très fière d’avoir fait partie de ce film.

Qu’en est-il de votre conception du bonheur ?

Je ne crois pas au bonheur en tant que bonheur. C’est un mot difficile. Le bonheur est de chaque instant : aucune émotion n’est présente en continu de toute façon. Le bonheur c’est bien plus qu’être simplement heureux, je préfère la gratitude, la joie. Ce qui me rend heureuse, c’est ma famille, mais aussi les relations avec les autres et la collaboration, lorsque je rencontre d’autres personnes et que je partage des projets.

Trine Dyrholm

© LuxFilmFest

Vous avez été vous-même réalisatrice, qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

Oui, j’ai tenu la caméra dans une série télévisée « The Legacy- l’Héritage ». C’est un portrait de famille autour de l’histoire de quatre frères et sœurs essayant de faire face à la mort de leur mère qui a bouleversé toute leur vie. J’ai réalisé deux épisodes, mais c’est compliqué d’avoir un rôle important et de réaliser en même temps. Il y a eu trois saisons. C’était une très bonne expérience et j’ai vraiment aimé faire cette série.

En tant que membre du jury international du Luxembourg City Film Festival, appréciez-vous votre séjour à Luxembourg ?

Lors du tournage de Poison, nous étions à Clervaux et nous avons filmé à Vianden. Je n’ai pas vraiment encore eu le temps d’explorer la ville, mais j’y ai passé d’excellents moments : le séjour dans un merveilleux hôtel et des déjeuners très sympathiques. En tant que membre du jury International du LuxFilmFest, je vois les films de la compétition et je découvre la cité quand nous nous déplaçons d’une séance à l’autre.

À LIRE AUSSI

Valérie Pachner, membre du Jury International du Luxembourg City Film Festival : “la sororité est essentielle”

Rokhaya Diallo : « Les femmes ont une capacité de résistance inébranlable »

Caroline Koener : rencontre avec la costumière de talent