Et si on vous disait, « demain, on part » ? Partir vivre quelques années à l'étranger fascine et effraie, pourtant chaque année des milliers de personnes, en famille ou en solo, se lancent dans l'aventure. À quoi s'attendre, une fois la décision prise ? Plongée dans les coulisses de l'expatriation pour comprendre ce phénomène, faire tomber les mythes et, pourquoi pas, se préparer à un départ !
Combien sont-ils à franchir le pas ?
À l’échelle européenne, selon les chiffres de l’OCDE, sur les 86,7 millions de migrants internationaux résidant en Europe, la moitié (50,5%) était née dans un autre pays européen. Sur l’année 2021, pour donner une idée, 1,4 million de personnes avaient émigré d'un pays de l'UE vers un autre pays de l'UE. La même année, 2,26 millions de personnes ont immigré dans l'UE en provenance d'un autre continent.
Les chiffres de l’expatriation au Luxembourg
En 2024, 47,3% de la population résidente dans le pays est de nationalité étrangère, avec 170 nationalités différentes ; dans la capitale elle-même, ce chiffre monte à 69% ! Le Luxembourg est de fait une véritable terre d’accueil pour les expats.
Le nombre d’expatriés est en constante augmentation depuis quelques années. Selon le dernier recensement (2022), il y avait plus de 60.000 expatriés vivant au Luxembourg.
Ils viennent du monde entier et pour les citoyens non-européens, le plus grand nombre de permis de travail délivrés l’a été pour les travailleurs de nationalité indienne et chinoise.
La plupart des expatriés au Luxembourg sont des travailleurs qualifiés qui ont été attirés par les opportunités d'emploi dans les secteurs de la finance, des technologies de l'information et de la communication (TIC) et de la logistique.
Les entreprises sont en effet de plus en plus nombreuses à encourager la mobilité internationale de leurs employés, considérée comme un atout pour développer de nouvelles compétences et une ouverture d'esprit indispensable dans un monde globalisé. Sans parler de la pénurie de talents dans certains secteurs qui requiert d’aller les chercher toujours plus loin.
Un parcours semé d’embûches
Une fois la destination choisie ou la mutation annoncée, préparez-vous aux montagnes russes émotionnelles !
Bien sûr, comme toute grande aventure, l'expatriation n'est pas un long fleuve tranquille, et on n’abordera pas ici les aspects fiscaux, ceci est une autre histoire… Il faudra traverser différentes phases psychologiques, de l'euphorie initiale à l'ajustement progressif en passant par une petite période de désillusion. Rien d'insurmontable quand l’envie est là ! Pour Sandrine, expatriée depuis deux ans aux USA, il faut accepter de « s'adapter à des codes que l'on croit connaître et réaliser qu’on ne comprend pas tout ».
Le plus gros défi reste sans doute de concilier vie professionnelle et vie familiale. Selon une étude de l'Université de Genève, « 40% des femmes expatriées renoncent à leur emploi lors de leur expatriation, contre seulement 3% des hommes. » Cette situation s'explique notamment par les difficultés à trouver un emploi dans le pays d'accueil, le statut d'immigration du partenaire suiveur qui parfois ne leur permet pas de travailler, mais aussi par le poids des responsabilités familiales. Alice, maman de deux enfants et multi-expats, souligne qu’il est « très important de reconstruire un réseau amical pour ‘‘créer son village’’ car l’expatriation s’accompagne d’isolement et de solitude. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide. »
Un vécu différent pour celui qui travaille et celui qui suit
Alors que Monsieur ou Madame part le matin à son nouveau travail et commence à se reconstituer rapidement un cercle social et professionnel, le « suiveur » doit assumer une montagne de tâches qui peut sembler insurmontable : enchaîner les visites pour trouver le logement définitif, acclimater les enfants à leur nouvelle école, trouver un nouveau médecin, décrypter les rayons de supermarchés où rien n’est familier, sans compter la barrière de la langue. Alice, installée depuis bientôt 3 ans sur la côte Ouest américaine, rappelle qu’il est normal de se sentir déboussolée et que « l’acclimatation peut prendre du temps. Il faut accepter de repartir de zéro. »
Cette phase d’installation à la fois euphorisante et stressante peut fragiliser le couple ou créer de la détresse chez ceux qui sont partis en solo. C’est le moment de mettre les bouchées doubles sur la communication de couple et se refaire au plus vite un cercle de confiance, en se connectant avec la communauté d’expatriés sur place et ses nouveaux voisins locaux !
Heureusement, de plus en plus d'entreprises mettent en place des politiques d'accompagnement adaptées et offrent aux familles des aides concrètes pour faciliter l’installation. Lorsqu’on débarque dans un nouveau pays, il ne faut pas hésiter à bénéficier des services de relocation qui accompagnent pour les démarches administratives, permis de travail et recherche de logement (LuxRelo au Luxembourg par exemple). Ne pas hésiter également à s’approprier la langue du pays en prenant des cours, ou dans sa nouvelle entreprise, à participer aux formations sur la communication interculturelle. De quoi vous permettre de profiter pleinement de cette incroyable aventure !
Si on en croit Fleur, expat et maman trentenaire, l’expatriation est un risque qui vaut la peine : « Malgré les hauts et les bas, c’est une expérience forte et intense. L’expatriation apporte énormément au niveau de la dynamique familiale et personnelle. En apprenant à dépasser nos limites, on sait mieux rebondir dans toutes les situations ultérieures. » Alors qui se lance ?
Les phases de l’expatriation
Tous les expatriés vous le diront : les montagnes russes émotionnelles ont un nom.
1. L'euphorie initiale, où tout semble excitant et nouveau.
2. La désillusion, marquée par un sentiment de nostalgie et de rejet de la nouvelle culture.
3. L'ajustement progressif, où l'on commence à s'adapter aux codes culturels locaux.
4. L'acceptation et l'épanouissement, où l'on se sent enfin à l'aise dans son nouvel environnement.
Combien de temps dure une expatriation pro ?
L'expatriation professionnelle est généralement temporaire, d'une durée standard minimale de 9 mois, mais se situant majoritairement entre 2 et 3 ans. Cette période permet d'obtenir les visas nécessaires et justifie l'investissement consenti par les entreprises.
Certains expatriés prolongent toutefois leur séjour au-delà, en renouvelant leur statut de résident temporaire ou en obtenant la résidence permanente, selon leur intégration locale et les opportunités.
5 expats répondent à nos questions sans filtre
La rédaction a recueilli le témoignage de femmes expats sur le terrain pour une interview sans fard, sous forme de conseils pour de futures expats ! Condensé de leurs réponses :
Qu'est ce qui a été le plus dur pour vous la première fois que vous vous êtes expatriée ?
« Retrouver un sentiment d’appartenance. »
« Les démarches administratives. »
« La distance avec la famille et quitter mon travail. »
Si vous aviez pu savoir une chose avant de partir, ça aurait été quoi ?
« Notre nouvelle vie dans un nouveau pays peut créer un décalage permanent avec nos proches et nous, pas seulement horaire ! »
« L’acclimatation peut prendre beaucoup de temps. »
« Il y aura des hauts et des bas, tout le temps, et parfois quand on s'y attend le moins ! »
Un aspect de l’expatriation qui vous a surpris en bien ?
« Se surprendre à relever des défis et être forcée à se réinventer. »
« La solidarité de la communauté française. »
« Le fait que ce que je vis est assez universel, et le partage d’expérience avec les autres Français qui vivent la même chose. »
Si vous deviez donner un conseil à une maman ou femme qui est sur le point de s'expatrier, que lui diriez-vous?
« Pensez à ce que vous, vous allez faire. Pas seulement dans quelle école iront les enfants et si ça ira dans sa nouvelle société pour votre mari. Ce que vous, vous voulez faire. »
Cet article est paru dans la première édition du magazine ELLE Luxembourg.
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